Rabia, 17 ans a été agressée à Argenteuil le 20 mai dernier et le premier article dans la presse date d’aujourd’hui 6 juin dans le Parisien.

Cela s’est déroulé une quinzaine de jours avant le meurtre de Clément par des néonazis. Leur seul lien, la violence des néonazis que les autorités tolèrent dans notre pays.

Mon intention n’est pas de hiérarchiser les agressions.

D’une part, parce-que Clément est décédé, et Rabia est heureusement toujours en vie.

D’autre part, parce-que l’émotion et la rage suscités par la mort de Clément sont légitimes, et je les partage complètement.

La question est de montrer que le traitement médiatique est différencié selon que tu sois né judéo-chrétien ou arabe.

Le scandale réside dans le fait que l’agression de Rabia n’a suscité quasiment aucune émotion, et que seuls des sites communautaires ont relayé l’information, alimentant le discours visant à établir que tous les médias sont discriminatoires, voire islamophobes.

Pourtant, sur Facebook notamment, le père de la jeune fille a alerté comme il le pouvait, ceux qu’il connaissait, sans résultat.

Ce mépris est d’une violence sans nom, car il signifie que l’agression de sa fille est tout sauf un acte abjecte et condamnable.

Clément était militant antifasciste et avait une famille soudée autour de lui, et tout de suite, s’est manifestée une indignation quasi-générale, sauf à l’UMP et au FN.

Rabia, elle, n’avait aucun moyen de faire le buzz, et le fait que son histoire soit publiée dans les pages locales du Parisien, 15 jours est significatif. Harlem Désir n’a toujours pas ouvert la bouche.

Rabia raconte sa violente agression : « j’ai croisé deux personnes d’environ 30 ans. L’un d’eux m’a insultée. J’ai accéléré le pas car j’ai eu peur, mais les hommes ont fait demi-tour, l’un d’eux a arraché mon voile, m’a mise à terre puis m’a rouée de coups tout en me traitant de sale arabe, de sale musulmane, raconte cette étudiante en bac pro comptabilité. L’autre homme rigolait ».

Le père a déposé plainte, Rabia a eu 7 jours d’ITT.

Tout ceci est significatif du climat anti-musulman dans ce pays, celles et ceux qui pratiquent cette religion sont vus par beaucoup comme des sous-citoyens.

Toute médaille à son revers. Laisser la lutte contre l’islamophobie, aux seuls musulmans est une erreur majeure, qui pousse a segmenter les luttes au lieu des les rassembler, pour le plus grand bonheur de celles et ceux qui en dehors de la lutte contre l’islamophobie, ne luttent contre aucune autre discrimination.

La lutte contre le racisme ne saurait être la propriété de tel ou tel groupe organisé ou non, mais l’affaire de toutes et tous.

Ce faisant, encore une fois, les pouvoirs publics favorisent le repli communautaire et religieux, et on entendra que tout le monde est raciste et que personne n’aime les musulmans, ce qui évidemment est complètement faux, sans nier le climat nauséabond et la libération de la parole raciste.

Les médias et les responsables politiques sont responsables de cet état de fait et ne veulent pas intégrer qu’on peut être citoyen de ce pays, et musulman.

il va falloir qu’ils s’y fassent.