Nabil Ennasri : histoire d’une imposture.

 

Nabil Ennasri a la trentaine bien assumée, la barbe bien taillée.

Il se définit comme chercheur et spécialiste du Qatar. Ce pays est au cœur du livre qu’il a récemment publié, L’énigme du Qatar.

Il s’est d’abord fait connaitre auprès de la communauté musulmane pour ses prises de position en faveur de ses « frères palestiniens » à travers le Collectif des Musulmans de France (CMF).

Il s’est vite rendu compte que la concurrence était rude sur le « marché » du soutien à la Palestine.

En quête de reconnaissance, notre homme opte alors pour la diversification et son choix se porte sur un pays particulièrement porteur : ce pays n’est autre que la Qatar.

Derrière son sourire et ses allures d’homme moderne, se cache en réalité une personnalité des plus conservatrices. Porteur d’une vision sectaire et caricaturale de l’islam.

A son actif : des propos violemment homophobes, la question de la Palestine réduite à une querelle de clochers, et des ambitions politiques avec comme objectif de draguer l’électorat musulman.

Histoire d’une imposture.

 

Nabil Ennasri, le « Qatarologue »

Plantons le décor. Si Nabil Ennasri se présente comme un spécialiste du Qatar, un « Qatarologue », il n’en est rien. Comme le rappelle un article paru dans Libération, « s’il a bien étudié les relations internationales à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, Ennasri est avant tout un Frère musulman, et un disciple de Youssef Al Qaradaoui ».  Son mentor dont on reparlera un peu plus loin dans cet article.

Al Qaradaoui fut il y a quelques années « l’invité de prestige de l’Institut européen des sciences humaines de Château-Chinon ». On y forme les imams de l’UOIF et Nabil Ennasri y a étudié  de 2008 à 2010. Mettons ça sur le compte du hasard.

Sa « spécialisation » sur le Qatar lui a permis de lier business et religion.

Pour s’assurer une notoriété, Nabil Ennasri, comme beaucoup, s’est appuyé sur le monde associatif.

Le CMF n’a été qu’un tremplin, une étape. Ce collectif  « fondé en 1992, avait pour vocation de libérer la communauté musulmane française de la tutelle des puissances étrangères ».

Nabil Ennasri ne fait plus l’unanimité au CMF. Selon certains, «Ennasri a fait du CMF un organe ultralibéral et complaisant à l’égard du Qatar. Il ramène le CMF dans le giron de l’UOIF. C’est toute l’histoire de cette association qui disparaît peu à peu.»

Malgré tous les efforts qu’il déployait pour y parvenir, vous n’aviez pas encore entendu parler de Nabil Ennasri ? Tout ça devait changer…

Quelle meilleure arme qu’un livre pour asseoir une notoriété et s’acheter une crédibilité ?

C’est chose faite avec un livre préfacé par Pascal Boniface.  Une préface qui se veut un gage de respectabilité, un signe de reconnaissance.

Ce livre, c’est L’énigme du Qatar. II y dresse un portrait habile de cette dictature pétrolière. Pas assez pour ne pas voir que Nabil Ennasri  voue une admiration sans bornes à ce petit paradis pour tortionnaires et milliardaires.

Voilà comment il présente son livre sur son blog : « Ni éloge, ni pamphlet, juste un regard objectif et dépassionné sur ce petit pays qui veut faire partie des grands. Si vous voulez tout savoir sur le Qatar, c’est ici. »

Assurément, ce n’est ni un pamphlet, ni un pamphlet ! Ce livre est une succession de constats, qui feignent l’objectivité. On y lit l’histoire des clans, le « miracle économique » (rien de miraculeux au vu des abondantes ressources naturelles), un peu la politique étrangère, ou ce qui veut se faire passer pour une politique étrangère, et puis….. Khalass (rien d’autre en arabe).

En gros, ce livre pourrait être un rapport commandé par le régime Qatari lui-même. Il n’est en effet question dans ce livre d’aucune condamnation ferme de ce régime autoritaire. Pire, l’auteur du livre s’est exprimé pour dire que ce pays est « l’un des pays du Golfe où la parole publique, voire contestataire, peut s’exprimer de la manière la plus libre ». Message reçu cinq sur cinq par les organisations de défense des droits de l’Homme.

Pour se convaincre de ce que nous dit notre « Qatarologue », il suffit de consulter les baromètres consacrés à ce délicieux pays pour se convaincre de l’attention toute particulière que porte sa Majesté aux libertés.

Une telle mansuétude de la part de notre auteur à l’égard de ce régime laisse pour le moins perplexe.

Aussi, n’est-il pas légitime de s’interroger sur les raisons qui font que ce dernier soit si mielleux avec ce régime?

N’est-il pas légitime de se demander dans quelles conditions il se rend au Qatar ? S’il y rencontre les ONG et la société civile en dehors des structures inféodées au régime ?

Comment et par qui sont financés ses séjours ? Est-il un énième invité du régime, un autre de leurs laquais ?

Ce que l’on sait d’ores et déjà, c’est qu’en mai dernier il a produit un rapport pour le Al Jazeera Center for Studies. Un think-tank qui se définit comme une extension du réseau Al Jazeera. Un rapport sur les liens entre le Qatar et l’Ethiopie.

Précisons qu’en 2008 l’Ethiopie a rompu ses relations diplomatiques avec le Qatar qui déjà à l’époque finançait les rebelles « islamistes » dans ce pays d’Afrique.

 

Nabil Ennasri, les arabes et l’islam

Comme je l’ai précisé au début de cet article, Nabil Ennasri est fan du Cheikh Al Qaradaoui.

Youssef, de son prénom, est un célèbre télé-évangéliste – ou imam cathodique –  qui sévit sur la chaîne Al Jazeera.

Une chaine qui appartient donc à l’Emir du Qatar. Mettez-moi ça encore une fois sur le compte du Qatar, pardon du hasard.

Détail important et éclairant, ce cher Cheikh (dit à haute voix, c’est pas facile) est réfugié au Qatar. A ce compte-là c’est plus le hasard, c’est la providence !

Nabil Ennasri boit littéralement les paroles de son mentor : « dès le début de la révolution du Jasmin, il a apporté sa caution religieuse à ce mouvement qui allait balayer la dictature  tunisienne…»

Les révolutions arabes ont été une occasion en or pour Al Qaradaoui et ses proches de se débarrasser de régimes liberticides pour instaurer d’autres régimes tout autant attentatoires aux libertés mais cette fois basés sur une interprétation ascétique de l’islam.

La seule motivation dans cette histoire était la possibilité – enfin – de donner à la religion une place centrale dans ces pays, place jusque-là niée par les régimes autoritaires égyptien et tunisien.

Bien qu’ayant grandi et étudié en France – pays aux dizaines de nationalités et au foisonnement culturel inégalé – il ne parle pour ainsi dire que des arabes et des musulmans.

Je n’ai aucun problème avec la religion. Bien que non-croyant, j’assume parfaitement le fait d’être vu, perçu, comme un musulman (d’apparence dira Sarkozy).

Cependant, j’ai vraiment du mal avec les personnages publics qui ne parlent que de religion alors qu’officiellement ce n’est pas leur vocation.

Souvent, quand je lis Nabil Ennasri, je crois avoir affaire à un imam.

Il est mono-obsessionnel, comme en témoigne sa page Facebook. Un peu comme s’il se sentait investi d’une mission de droit divin.

C’est terrible de se dire qu’on ne peut probablement pas compter sur lui si d’autres communautés sont attaquées, discriminées ou insultées. Qu’on ne le verra jamais donner son avis sur la dette, la pollution ou l’élevage des saumons en batterie.

Récemment, il a tout de même appelé à manifester en soutien à Clément Meric, ce militant antifasciste assassiné par un néonazi. Je me suis dit qu’enfin il cessait d’avoir l’indignation sélective. Mais j’ai vite compris que c’était une stratégie. Il était question d’apparaitre solidaire pour mieux dénoncer la disproportion dans la mobilisation quand il s’agit d’une agression visant la communauté musulmane. Tout est calculé. Je m’autorise cette digression : il a dit qu’il y serait avec des « frères ».  Entre ces « frères » – ci et ses « frères » palestiniens j’espère qu’il a au moins la carte famille nombreuse.

J’expliquais dans ce billet que Clément avait effectivement du monde pour le soutenir. Ce qui n’est pas le cas des musulmans agressés, par la faute notamment des musulmans eux-mêmes, trop occupés à savoir qui va diriger le mouvement contre l’islamophobie – bien réelle – en France. Un mouvement qui gagnerait à s’élargir et à ne pas être la chasse gardée des seuls musulmans.

Car rappelons-le : on n’a jamais atteint un tel niveau de haine contre les arabes et les musulmans dans ce pays !

Alors pour être franc, j’en ai un peu assez de ces représentants autoproclamés qui pensent parler au nom des musulmans, quand ils n’en représentent qu’une infime minorité.

D’une part, ils ne le font bien souvent qu’à des fins personnelles, et d’autre part ils le font de manière tellement caricaturale qu’ils prêtent le flanc à des attaques islamophobes, comme on a pu le voir avec Véronique Genest et Caroline Fourest, à qui l’islam file de l’urticaire.

L’écrasante majorité des musulmans de France – et c’est heureux – ne ressemble ni à Hassan Chalghoumi, ni à Nabil Ennasri.

Chers lecteurs, si vous n’êtes pas arabe ou musulman, vous n’intéresserez pas notre auteur.

Si vous avez le malheur d’être homosexuels, vous risquez de provoquer chez lui un irrépressible rejet.

 

Nabil Ennasri, ou l’homophobie comme étendard

On a pu le vérifier récemment lors du débat sur le mariage pour tous. Beaucoup de musulmans se disent hostiles à ce mariage car leur foi proscrirait l’homosexualité. Il parait aussi que le Coran proscrit l’alcool.

Ce même alcool qui coule à flots dans les suites présidentielles qataris des amis d’Ennasri. Je m’égare du droit chemin. Pardonnez-moi.

Récemment, Tariq Ramadan, très écouté dans la communauté musulmane, affirmait qu’on pouvait être homosexuel et musulman.

Donc, au cours du débat sur le mariage pour tous, beaucoup de musulmans ont eu la sagesse et l’intelligence de ne pas prendre position contre ce projet de loi, en se plaçant au-dessus de tout jugement moral. En refusant également d’aller manifester contre une loi qui accordait plus de droits à une communauté sans en enlever à qui que ce soit.

L’intelligence n’étant pas contagieuse, Nabil Ennasri a publié une tribune signée par certains de ses coreligionnaires dans laquelle il assimile homosexualité, pédophilie et inceste. Trois mots comptent triple.

Ledit article est illustré par une photo où l’on peut lire « un papa et une maman y’a pas mieux pour un enfant ». J’ai envie de rajouter : « un cerveau pour deux, ce n’est pas forcément mieux ».

Ce texte, qui stigmatise les homosexuels, n’a suscité aucune réelle critique.

Ainsi, quelques jours après avoir publiquement œuvré pour la stigmatisation des homosexuels, il signe une tribune où il demande l’arrêt de la stigmatisation ….  des musulmans. Nabil Ennasri ne brille donc pas non plus par sa cohérence.

Sur sa lancée, il allait lyncher plus globalement les soutiens au mariage pour tous dans un tel fourre-tout que je ne suis pas sûr qu’il puisse en assurer la transcription.

Accrochez-vous c’est du très très lourd (dans tous les sens du terme).

Alors que le mariage pour tous est voté voilà ce qu’il publie sur sa page Facebook«  je profite du vote de la loi dite du « mariage pr tous » pr exposer cette réflexion. Voici ce vers quoi on somme la communauté musulmane de se diriger : une acceptation de l’homosexualité et une validation du discours de légitimation d’Israël et de son occupation des territoires palestiniens. »

Pas la peine de relire, j’ai relu 20 fois, il n’y a rien à faire. Cette publication est débile. Pire, il est dangereux. Il avalise la thèse selon laquelle si tu es ouvert d’esprit, contre l’homophobie, t’es forcément du côté des colons israéliens, un soutien à l’occupation. Je cherche encore le lien…

Il ne vaut guère mieux que ceux qu’il dit dénoncer.

Plus récemment, le 26 mai, décidément très en forme, il écrivait ceci : « Comme toutes les traditions monothéistes, l’islam condamne l’homosexualité. De même que le bouddhisme. Et je n’ai pas besoin, pour être « dans le mouv' », d’affirmer le contraire. Ma dignité ne dépend pas du regard des autres. Elle s’évalue dans la fidélité que je porte à ma croyance. Oui, le progrès c’est aussi d’avoir le courage de dire non quand il le faut. Et qu’on ne vienne pas ns dire qu’on est homophobe. De la même façon, on rejettera toute violence contre les homosexuels. »

Que c’est mignon. La tribune citée plus haut n’était-elle pas d’une rare violence ? Un appel à la haine et au rejet des homosexuels ?

Vous aurez noté vous aussi le : « Et qu’on ne vienne pas ns dire qu’on est homophobe ». La version homophobe des racistes qui te disent qu’ils ne sont justement pas racistes, vu qu’ils côtoient des arabes dans leur épicerie….

Nabil Ennasri, le Qatar, la démocratie et la banlieue

Le Qatar, comme Nabil Ennasri, a opté pour la diversification. Ce pays  cherche à parfaire son image, y compris dans les banlieues.

Pour cela, une seule solution, toujours la même : arroser de pétrodollars.

Arroser les jeunes de banlieue pour les aider à monter leur boîte n’a pas été possible. Du coup, le Qatar s’est tourné vers l’associatif, qui très souvent peine à trouver des fonds à la hauteur des ambitions. Mais pas n’importe quelles associations : les associations qui se revendiquent de l’islam.

Après s’être rapproché du CMF, le Qatar aurait jeté son dévolu sur le Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) mais surtout sur le centre culturel Tawhid, à Saint-Denis.

Le 31 mai dernier, le centre Tawhid a annoncé sur sa page Facebook avoir exclu Nabil Ennasri de sa direction. Ce centre est un lieu culturel et cultuel très fréquenté, où l’on peut apprendre l’arabe et/ou le coran. C’est aussi un lieu de culte.

Ce centre aurait donc un temps été financé par les plus rigoristes des musulmans :  les sunnites qataris.

Il a accueilli entre autres progressistes, Rached Ghannouchi, fondateur du parti tunisien Ennahda, au pouvoir en Tunisie. Un homme qui avait pensé, un temps, inscrire la charia dans la Constitution. Charmant.

Jusque récemment, le centre Tawhid où Nabil Ennasri avait donc ses habitudes, levait des fonds dans le Golfe et notamment au Qatar.

La question est : où sont allés ces fonds ?  A qui ont-ils servi ? Ont-ils servi d’autres desseins que la simple pratique religieuse, comme les ambitions politiques de Nabil Ennasri dont on parlera plus tard ?

Se prétendre démocratique et se faire financer par des autocrates ne répond pas à la plus élémentaire des logiques.

Le Qatar passe en effet son temps à donner des leçons de démocratie tout en jetant en prison le moindre opposant.

Rappelons à toutes fins utiles que ce pays s’applique tellement à lui-même ses recettes démocratiques que dans cet îlot de 150000 habitants, l’une des seules libertés demeure celle de subir des châtiments corporels ou la détention arbitraire.

Les associations, partis politiques et syndicats y sont bannis.

Dans le classement des Etats via l’indice de démocratie, « le Qatar est 138e sur 167 États,  derrière le Bélarusse ».

Par ailleurs, plus d’un million et demi de travailleurs vivent et travaillent dans des conditions déplorables que les ONG qualifient d’esclavage moderne, privés de leurs papiers, sous-payés…..

Concernant la justice rappelons que pour avoir publié sur Internet une plaisanterie sur l’Emir Al-Thani, un poète qatari (Mohammed Al-Ajami, alias Ibn Al-Dhib) a été condamné à 15 ans de prison.

A ce sujet, Nabil Ennasri n’a formulé aucune demande de libération immédiate, lui qui a pourtant ses entrées chez l’Emir.

Le mot démocratie est prononcé – à défaut de se voir appliqué – une fois par an au Qatar, à l’occasion du pompeux  «New or restaured democracy» où se pressent beaucoup d’intellectuels, pour le coup assez faussaires.

Un pays qui a si peu à faire chez lui qu’il préfère s’occuper des affaires intérieures des autres, en Egypte, en Tunisie, en Syrie, avec un seul fil rouge, l’islam politique.

 

Nabil Ennasri et l’engagement politique

Je vous ai gardé le meilleur pour la fin. Nabil Ennasri habite Saint-Denis.  Tout comme moi.

En plus de son irrésistible envie de passer à la télé, il rêve d’embrasser une carrière politique.

Pour ce faire, il a contribué à créer le RCI (Rassemblement Citoyen Indépendant) à Epinay-Sur-Seine en janvier 2012 et a animé de nombreuses conférences sur le thème de l’engagement et de la citoyenneté, au centre Tawhid.

Ce parti a été lancé publiquement avec Nabil Ennasri. S’appeler Rassemblement Citoyen Indépendant et être représenté par le président du CMF, on a déjà connu plus indépendant comme démarche.

Nabil Ennasri ne cache pas ses velléités pour les municipales Saint-Denis. Des tracts du RCI ont déjà été distribués à cet effet. Sur sa page Facebook, des publications des 26 et 31 janvier 2013 le confirment.

Il est allé en délégation au conseil municipal de Saint-Denis. Il s’est d’ailleurs vanté d’y être venu avec une femme voilée.

Hélas je n’y étais pas cette fois-là. Je lui aurais dit qu’un conseil municipal, par définition, est public. Les femmes peuvent y assister, voilées ou non. Nous ne sommes pas au Qatar. Je lui aurais dit qu’on ne l’a pas attendu pour voir que les musulmans sont stigmatisés, et qu’on ne l’a pas attendu non plus pour travailler en bonne intelligence avec certains de leurs représentants.

Du coup, je me pose véritablement la question : qui financera cette campagne ? Les adhérents ? L’Emir du Qatar ?

L’hostilité manifeste qu’il dégage à l’égard de cette municipalité progressiste fait craindre le pire. Une offre électorale en direction des seuls musulmans.

La réponse au rejet des arabo-musulmans par la classe politique ne peut en aucun cas avoir pour base un quelconque entre soi.

Saint-Denis et la République méritent mieux que ça.

Le maire de la ville et les communistes sont donc la cible de Nabil Ennasri. Il a raison. D’ailleurs, le maire déteste tellement les musulmans qu’il a permis la construction d’une grande mosquée en mettant à disposition un terrain près de l’Université Paris 8.

Autre argument de haute tenue de la part de notre «  Qatarologue » : la ville de Saint-Denis ferait le jeu de la colonisation et de la spoliation des Palestiniens. Rien que ça !

Le 23 janvier 2013 sur sa page Facebook, il écrivait : « on assistera au Conseil municipal. On interpellera les élus sur cet accord de jumelage signé avec une ville israélienne. Pas question que nos impôts servent à promouvoir une politique de spoliation d’un Etat hors-la-loi ».

Je vous l’annonce ici : Il n’a jamais interpellé la ville à ce sujet. La seule interpellation dont j’ai le souvenir est la suivante : il a demandé à la ville d’acheter son livre et d’organiser des rencontres littéraires afin d’en débattre. Pas de cohérence, mais un sacré culot.

Pour en revenir à ses attaques sur la Palestine, force est de constater qu’Il semble aussi objectif quand il s’agit de la question palestinienne que lorsqu’il nous parle du Qatar.

Oui, Saint-Denis a signé un accord de coopération avec une ville Israélienne. Cette ville s’appelle Nazareth, la plus grande ville arabe située dans le nord d’Israël. Cette ville est donc peuplée de ceux qu’on appelle les Palestiniens de 48. Ceux qui ont pu rester, résister au moment de la Nakba, quand les Israéliens forçaient les Palestiniens à quitter terres, familles et maisons.

Mais Nabil Ennasri vaut probablement mieux que les Palestiniens de 48 qui vivent, eux, en Israël.

Les habitants de Nazareth en sont les descendants, les héritiers, la mémoire. Cette ville, peuplée exclusivement d’arabes, a peut-être deux torts pour Nabil Ennasri, être sur territoire israélien et avoir un maire arabe, mais communiste et chrétien.

La lutte pour les droits des Palestiniens, Nabil Ennasri, comme beaucoup en France, semble en faire une question de musulmans.

Il n’entrevoit la question éminemment politique de l’occupation en Palestine que sous le seul prisme religieux.

C’est sûrement pour cela que ses destinations favorites quand il se rend en Palestine sont Al Aqsa (annexée par Israël) et Gaza. Vision réductrice, vision destructrice.

Dans quelles autres villes palestiniennes s’est-il rendu ? A-t-il rencontré des ONG arabes ou israéliennes ? Si oui, lesquelles ?

Concernant Israël, je ne peux résister au plaisir de partager avec vous les délicieux propos de son mentor Al Qaradaoui, qui érige la haine du juif comme principe. Ses propos lui ont valu d’être interdit de territoire français.

Nabil Ennasri, quant à lui, n’a jamais condamné publiquement ces propos.

Sur cette question enfin, notons que le Qatar a clairement choisi le camp israélien en soutenant le Hamas et en encourageant la division inter-palestinienne. Le Qatar finance le Hamas et l’a mis sous la coupe des Frères musulmans.

Le chef du Hamas Khaled Mechaal est lui est aussi exilé au Qatar. Encore une coïncidence…  Le Qatar, encore lui, a négocié avec Israël la récente visite de Mechaal à Gaza.

 

Les relations des pays sunnites avec Israël ne semblent pas poser de problèmes à notre « Qatarologue ». Si Israël est bien un Etat hors-la-loi, le Qatar a attendu 2009 pour rompre ses relations diplomatiques avec Israël avant de vite les renouer secrètement comme l’ont rapporté des sources publiées par wikileaks.

Ce même Qatar qui s’apprêterait à confier la sécurité du Mondial de foot de 2022 à Israël.

Pour refermer le chapitre sur Nabil Ennasri, que dire ? Cet homme milite, quoi qu’il dise, pour le repli communautaire, en alimentant à terme les tensions entre communautés.

Il semble prêt à tout, à condition d’assurer son petit confort, et ses passages radio et TV. Il se détermine uniquement en fonction de sa foi. On en revient toujours au même point : une vision du monde arabe, de l’islam et du Qatar qu’il veut objective alors que tout est vu et apprécié sous le prisme religieux, inévitablement subjectif.

Pour Nabil Ennasri, pas de place pour la mixité et le mélange, l’ouverture et la tolérance. Priorité à l’entre soi, quitte à engendrer une consanguinité intellectuelle et morale.