Les mots sont importants. Quand on dit national, ça veut dire sur tout le territoire. Oui mais voilà, quand on parle de service public national, ça ne veut pas forcément dire service public national réparti de manière égale ou équitable.

On  a donc un Etat, garant de l’égalité de traitement des citoyens où qu’ils soient, incapable d’assurer une juste péréquation et cette égalité de traitement dans des domaines pourtant fondamentaux.

Pire, par le fonctionnement de certains services publics, l’Etat organise et conforte les discriminations territoriales.

C’est particulièrement vrai pour l’Education « Nationale ».

Le mouvement des Bonnets d’Ânes à Saint-Denis a très justement relevé ce scandale.

Jusqu’à aujourd’hui, l’Education est organisée par académies : pas moins de 30 si on compte les Dom et Tom.

L’Ile de France compte pas moins de 3 académies…..carte_academies_426px_29364

Or, les concours eux aussi sont organisés par académie, chaque enseignant en devenir postule ainsi sur l’académie de son choix.

Au hasard, ils postulent davantage à Paris qu’à Créteil.

Résultat : on a davantage de classes sans enseignants à Créteil qu’à Paris.

Comment ne pas penser que le système actuel est générateur d’inégalités et comment accepter que dans certaines villes des écoles soient moins bien dotées ?

Comment accepter que des enfants voient leur avenir compromis à la faveur d’un système qui les a par avance condamnés ?

Les enseignants, en choisissant délibérément de ne pas passer les concours dans telle ou telle académie ne sont-ils pas responsables eux aussi, malgré eux, de ces déserts éducationnels ?

L’idée selon laquelle les enseignants devraient enseigner partout est-elle si saugrenue que cela ?

Ces constats accablants ne scandalisent pas outre mesure le gouvernement.

Dans cet éditorial du monde et dans cet article  du même journal on peut lire pêle-mêle : « Le système scolaire français se caractérise par l’importance et la persistance des inégalités, au rebours de l’objectif d’égalité des chances fixé par le code de l’éducation. » Ou encore : « En 2010 l’Etat a dépensé 47 % de plus pour former un élève parisien que pour former un banlieusard de Créteil ou de Versailles. 51 % de plus pour former un Parisien qu’un Niçois… »

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Devant la persistance de ces inégalités, des parents ont décidé d’agir et de réclamer égalité et justice.

Ce sont les Bonnets d’Âne à Saint-Denis, qui depuis près de 3 semaines occupent un terrain et mobilisent parents, enseignants, élus autour de ces questions.

Il est temps que l’Education devienne véritablement nationale.