Gaza : je me sens lâche

par Gwendall B., Gérant de société

Quand mes amis me demandent ce que je pense de l’offensive israélienne à Gaza, je me surprends à avoir un discours égalitaire. Un discours emprunté aux grands médias qui ont tendance à renvoyer dos à dos les belligérants. L’offensive israélienne est justifiable car cela fait huit ans que le sud de leur pays se fait bombarder par les roquettes "Kassam" du Hamas faisant de nombreuses victimes. Et puis, il suffit d’avoir vu le reportage sur Sderot diffusé sur une grande chaîne nationale dimanche 4 janvier pour se convaincre que les Israéliens souffraient dans leur chair de cette guerre : alertes régulières, bruits au loin d’explosions…

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Bien entendu, les Palestiniens aussi, subissent cette guerre, mais tout cela est la faute du Hamas. A cause du Hamas, les Israéliens et les Palestiniens souffrent conjointement. Ainsi, avec cet argumentaire qui fait des Israéliens et des Palestiniens les victimes équivalentes du Hamas, j’ai trouvé mes martyrs du grand méchant Hamas. Je suis dans le politiquement correct ambiant, je ne risque pas grand chose. Et puis, beaucoup de journalistes et de dirigeants politiques français, européens et américains parlent comme moi. Alors pourquoi prendre position pour les Israëliens ou les Palestiniens ? C’est tellement plus commode de les renvoyer dos à dos. Certes, avec cette stratégie, ce conflit dure depuis plus de 60 ans et est moralement perturbant. Il donne aussi du grain à moudre aux extrémistes musulmans.

Certes, le fossé entre les religions se creuse, créant les conditions des guerres de demain. Certes, les USA et l’Europe pourraient, en échange d’un partenariat privilégié avec Israël, lui demander de respecter les multiples résolutions de l’ONU bafouées, d’arrêter les implantations de nouvelles colonies en Cisjordanie, de suspendre le blocus de Gaza, d’être moteur dans un processus négocié… bref, de permettre la naissance d’un Etat palestinien viable. Certes, en mettant une vraie pression internationale sur le puissant local (Israël), comme cela fut fait avec l’Afrique du Sud de Botha, nous aurions sans doute plus de chance de voir une paix juste et durable s’instaurer entre le fort (Israël) et le faible (l’Etat palestinien). Mais quel journaliste, quel homme politique oserait avoir ce discours aujourd’hui ? Moi non plus je n’ose pas. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ou en tout cas je n’ose pas le dire. Mais ce qui est sûr, c’est que je me sens lâche…