Cher Laurent,

Tu es un irresponsable, et je vais te dire pourquoi. Tout d’abord parce-que ton communiqué publié sur FB et twitter me jette en pâture au public, d’habitude ce procédé est utilisé par l’extrême droite et les islamophobes.

J’ai découvert ton communiqué hier, alors que j’étais au rassemblement pour Adama Traoré à Paris, un rassemblement contre le racisme et les violences policières, deux causes que tu n’as eu de cesse d’étouffer pendant le mandat, et pour cause, nous y reviendrons.

Ainsi donc, le PCF a demandé et obtenu ma tête. Vous avez, toi et ton parti, de manière acharnée, tout fait pour me mettre à l’écart et demandé ma mort politique, jusqu’à téléphoner à des responsables politiques nationaux, ce qui démontre votre fébrilité.

Ainsi je paie le prix de mon engagement depuis des années contres toutes les formes de discriminations, notamment celles qui touchent les habitant.e.s de ma ville.

Je me suis battu avec elles, avec eux, à leurs côtés, sans relâche,

Alors que toi, le maire, tu as toujours refusé de faire de ces questions un enjeu central, j’ai œuvré, comme je le pouvais pour démontrer qu’une municipalité, à fortiori progressiste, a de lourdes responsabilités pour sensibiliser et accompagner la population, dans toutes ses diversités.

Dans ton communiqué tu parles de positions clivantes, personnelles. Tu es pourtant incapable de dire lesquelles.

  • Mes positions pro-choix ?
  • Mes positions en faveur des communautés LGBTQIA+ ?
  • Mes positions en faveur de la lutte contre les violences policières ?
  • Mes positions en faveur de la lutte contre l’islamophobie ?

Tu ne peux en citer une seule, car ce qui te dérange, ce n’est pas la forme que je peux utiliser mais le fond.

Tu parles de provocation, mais je préfère retenir ces mots de Bertold Brecht : « La provocation est une façon de remettre la réalité sur ses pieds ». Une réalité que toi et beaucoup ignorez car déconnecté.e.s desdites réalités. C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai eu de cesse de mettre en avant les personnes concerné.e.s par toutes ces luttes, trop souvent invisibilisées par une certaine gauche.

Tu n’as jamais fait des combats essentiels d’aujourd’hui, notamment sur les violences policières et l’islamophobie, une priorité. J’en veux pour preuve le fait que pour ces délégations tu m’as attribué un budget total de 0 euro (zéro euro) sur 6 ans, et personne dans l’administration pour m’accompagner. Personne pour m’aider à mener cette lutte acharnée pour les droits de toutes et tous.

Alors oui, j’ai pris au sérieux mes délégations, et j’ai donc travaillé, car je pensais que tu souhaitais toi aussi lutter contre l’islamophobie.

Mais la vérité c’est que tu as choisi de t’aligner sur ta base la plus réactionnaire et raciste, qui sous couvert de laïcité crache sa haine d’une partie importante de la population, à savoir les musulman.e.s.

C’est d’ailleurs pas un hasard, si tu as reçu dès hier soir le soutien de Gilles Clavreul, co-fondateur du printemps républicain, un groupuscule islamophobe qui n’est pas pour rien dans le harcèlement dont j’ai été l’objet. Pour rappel tes accointances avec les faux laïques et vrais islamophobes avaient été dénoncées à l’époque.

Je paie donc le prix de mon engagement, que certain.es auront jugé trop bruyant quand elles et eux ont brillé par leur silence.

Je paie donc le prix de mon engagement alors que pas un jour ne passait sans que je sois insulté, menacé, trainé dans la boue, de la part du camp raciste et réactionnaire, sans quasiment jamais recevoir le soutien qui m’était dû de la part du maire qui m’a reconduit dans cette délégation. Car oui cher Laurent si mes positions te dérangeaient réellement, tu ne m’aurais pas confirmé dans les mêmes délégations en 2016. C’est donc bien sur le fond que nous avons un désaccord majeur.

Je paie donc le prix de mon engagement alors qu’aucune divergence de fond n’a été affichée par le maire et la municipalité. Jamais.

Je sais que cette décision est incompréhensible pour toutes celles et ceux qui ont accompagné toutes ces luttes, que ce soit le combat contre le racisme visant les rroms, le combat pour les sans papiers, pour les migrant.e.s, les luttes LGBTQI+ et la belle marche des fiertés, ou encore la marche contre l’islamophobie que j’ai eu l’honneur de co-organiser, et que tu n’as visiblement toujours pas digérée.

Cette décision est un acte politique. Pour moi elle signifie que la lutte contre les discriminations est moins importante que de cibler politiquement un militant antiraciste de longue date.

Cette décision est incompréhensible quand on sait par ailleurs que le PCF et toi le maire ne voyez aucun inconvénient à reconduire sur la liste des élu.e.s qui ne daignent même pas habiter la ville, mais ça semble moins déranger ta base militante rabougrie et réactionnaire.

Ce qui a été révélateur pour moi fut le procès que m’a intenté Génération identitaire. Un maire attaché à la lutte contre l’extrême droite aurait apporté un soutien sans faille à un de ses élus menacé de la sorte, mais toi rien, pas un sms, pas un mot, tu m’as littéralement laissé tomber.

On dit que ne pas faire de choix, c’est un choix en soi.

Je lutte contre les discriminations depuis de trop nombreuses années pour recevoir des leçons de personnes qui ne les ont jamais vécues.

J’étais militant avant d’être élu, et contrairement à beaucoup, je le suis resté.

Ce qui est certain c’est que je le resterai et continuerai de défendre ce qui me semble juste, loin des calculs politiques dont vous êtes les spécialistes.

Mes derniers mots seront pour Bally Bagayoko et Saint-Denis en commun, Je le remercie de n’avoir pas cédé à cet odieux chantage, qui au final aurait validé toutes vos thèses.

Merci à toutes celles et ceux qui m’ont témoigné leur soutien, aux messages de camarades d’ailleurs issus des rangs du PCF qui ne se déplaceront pas le 28 juin prochain. Oui Laurent, tout acte a ses conséquences.

Tu es irresponsable cher Laurent, tu as décidé de te présenter seul face au PS, plutôt que d’aller à la bataille avec nous, sur des bases solides qui avaient d’ailleurs été scellées.

Il n’est jamais trop tard pour se déconstruire, alors je te laisse méditer sur ce texte adressé à l’époque au Front de gauche, ça concernait déjà l’islamophobie, et les choses semblent n’avoir pas beaucoup changé.

J’ai le dos large Laurent, mais je n’assumerai pas tes funestes choix dictés par de non moins funestes desseins.