Certes, ce n’est pas propre à la question palestinienne. Mais je dois avouer que parler de la Palestine sans admettre que finalement, la clé se trouve côté israélien relève au mieux de la naïveté  au pire d’une volonté délibérée de travestir la réalité.

Je m’explique. La seconde agression militaire à Gaza a permis à tous les faux-cul de nous asséner ce discours consensuel visant à faire des Palestiniens, non pas des victimes de l’occupant israélien, mais bien des co-responsables du déluge de feu qui s’abattait sur eux.

Ce discours voulait également, en substance, signifier  que le blocus, les colonies, les check-points, les humiliations, tout ce qui rend la vie des Palestiniens impossible, était aussi de leur responsabilité.

Dans le jargon militant, on appelle ça la théorie de la symétrie. Cette théorie foireuse revient à énoncer cette assertion non moins foireuse : il y a deux parties en présence, les torts sont forcément partagés.

Cette théorie simpliste peut, pour les personnes mal informées, apparaître comme logique.

Elle fait juste l’impasse sur l’essentiel. Gaza n’est pas un Etat, pas plus que la Cisjordanie.

De ce fait, il n’y a pas d’armée palestinienne. Il est même prévu dans le cadre des accords que l’Etat palestinien soit démilitarisé, aux côtés de la 4ème puissance militaire.

On balaie aussi d’un revers de main les nombreuses résolutions de l’ONU non respectées par Israël.

Oublié, le mur de la honte déclaré illégal par la Cour Internationale de Justice.

Enterré, le rapport Goldstone, accusant Israël de crimes de guerre à Gaza lors de l’opération Plomb durci, même si l’auteur du rapport à du quelque peu revenir sur ses conclusions.

Les médias, mais surtout les « connaisseurs » autoproclamés, ont la fâcheuse tendance de décrire une situation qu’ils aiment à fantasmer, sans jamais prendre position clairement.

Ces postures de salon, visent à ne pas les couper de potentiels réseaux et amitiés, qui professionnellement, on ne sait jamais, pourraient s’avérer utiles.

Prétendre servir la cause, pour mieux se servir.

Comment ne pas dire que la situation actuelle perdure à la grâce de gouvernements israéliens qui, bien que différents, avaient comme seul objectif de ne pas faire la paix, et donc de refuser toute perspective d’Etat palestinien.

Comment ne pas dire que plus les Palestiniens négociaient, plus les colonies avançaient sous les yeux complices de la communauté internationale.

Comment ne pas dire que l’impunité dont jouit Israël est un cas unique au monde, et que celle-ci n’a que trop duré.

Comment ne pas dire que taire la critique et prendre fait et cause pour Israël, de manière aussi aveugle et éhontée, alimente la judéophobie.

Oui, s’en tenir à des considérations purement factuelles, sans pointer la responsabilité criante de l’occupant revient à banaliser l’occupation, pire à la légitimer.

Demain, la Palestine entrera probablement dans la cour des Grands, mais rien ne sera gagné pour autant.