Je suis élu depuis 2008 au sein du Conseil municipal de Saint-Denis.
Expérience enrichissante, la « vie » de conseiller municipal n’en est pas moins déroutante.
J’ai souvent eu ce sentiment d’impuissance, vouloir régler les problèmes pour lesquels vous vous savez d’avance démuni.
Je n’avais pas d’exigence particulière pour ce mandat. Je suis conseiller municipal, sans délégation. Si, une : représenter la ville et Plaine Commune au SEDIF, le syndicat qui depuis trop longtemps privatisait la gestion de l’eau.
Avant 2008, je militais déjà en faveur d’une gestion publique de l’eau. Je voulais poursuivre ce combat de l’intérieur.
C’est au SEDIF que j’ai pu vérifier qu’on pouvait être de gauche et néanmoins militer en faveur du privé.
Cette expérience m’a beaucoup apporté et fatigué.
Mes liens avec Saint-Denis sont nombreux. J’ai découvert cette ville lors de mes études à l’université Paris 8.
Fac de gauche, avec des enseignements et des enseignants de qualité, et mes premiers engagements syndicaux : étudiants sans-papiers, Palestine…
Après avoir étudié à Saint-Denis, y habiter allait alors de soi.
Au fil des rencontres j’ai découvert ce que solidarité voulait dire, le tout sous le prisme de ce qu’on appelait alors le communisme municipal.
Une ville d’échanges et de mélanges. Une municipalité qui fait de cette solidarité la pierre angulaire de ses politiques : logement, culture, restauration scolaire, sport, relations internationales…
Des rencontres marquantes, notamment celle avec Patrick Braouezec, pour qui j’ai toujours la même estime.
Saint-Denis est définitivement une ville à part. Elle suscite engouement ou rejet.
j’y suis viscéralement attaché, de par sa nature profondément populaire.
Une ville en perpétuel mouvement qui continue de connaitre de profondes mutations sans jamais exclure les plus pauvres.
Une ville dont le nombre d’habitants augmente, preuve de sa vitalité et de son attrait.
Ville confrontée à de véritables défis, comme sur la question des Roms pour lesquels le choix se résume à les exclure ou à faire ville avec eux. A Saint-Denis, nous avons opté pour la seconde solution.
Mes liens avec cette ville sont donc de tous ordres, j’y ai des amis, des camarades…
J’y ai également pratiqué du sport, avec des jeunes eux aussi attachés à leur ville et à son image trop souvent déformée.
Les rencontres avec les habitants sont nombreuses, notamment à travers les réunions de quartier, mais aussi à travers les conseils d’école, chaque trimestre qui sont aussi l’occasion de rencontrer les enseignants et les parents d’élève.
Le constat est d’ailleurs sans appel : l’Education nationale a déserté la Seine-Saint-Denis. Pour y faire face, le maire à lancé une offensive en lien avec les parents d’élève et les enseignants, pour que l’Etat remettre l’Education en Seine-Saint-Denis, au cœur de ses préoccupations.
On se rend très vite compte à quel point certaines villes et certains quartiers ont ni plus ni moins été sacrifiés par l’Etat, avec une absence criante de services publics pourtant essentiels, davantage ici qu’ailleurs.
Ce sont donc des luttes au quotidien qu’il faut mener avec les habitants, les associations, et ce sur la durée.
A voir ce qui est fait dans la ville, en lien avec la communauté d’agglomération, nous n’avons pas à rougir du bilan, même si beaucoup reste à faire.
Il est vrai qu’en temps de crise, il est facile et tentant de vouloir désigner un seul et unique responsable de tous les maux et dysfonctionnements… Le maire est le parfait candidat pour ce lynchage démagogique.
Un maire, afin de pouvoir mener un certain nombre de politiques doit être accompagnée par un Etat fort, et responsable. Un partenaire sur le long terme.
A Saint-Denis, un nouveau groupe scolaire sort de terre chaque année, sans aucune aide de l’Etat.
C’est donc un acte de résistance de chaque jour que de continuer à mettre en oeuvre des politiques ambitieuses au service de la population.
Oui, tout n’est pas parfait, personne d’ailleurs ne le nie.
La critique est facile, créer c’est toujours plus difficile.
Il serait dangereux de vouloir, à l’instar de nombreux autres maires de petite couronne, chasser toujours plus loin les couches populaires.
Il serait dangereux de chasser les pauvres à défaut de s’attaquer à la misère.
Il serait dangereux aussi que certains jouent la carte de l’entre soi et de l’enfermement alors que Saint-Denis a toujours œuvré pour l’ouverture et le mélange.
On entend bien souvent le mot changement, mais il rime en réalité avec relégation sociale et spatiale. Il signifie changement de politique pour changer de population…
L’enjeu est bel et bien de faire en sorte que Saint-Denis reste une ville où chacun ait sa place.
C’est donc naturellement que j’ai rejoint l’appel du maire, Didier Paillard, dans l’optique des prochaines municipales.
Je suis en accord sur l’essentiel, et le plus important : les valeurs d’une gauche ouverte sur le monde.
Il faut pour Saint-Denis, une équipe renouvelée, rajeunie à l’image de la ville et à l’écoute des aspirations des habitants. Didier Paillard s’y engage.
Je veux contribuer avec lui, avec d’autres, à ce que Saint-Denis reste Saint-Denis, fidèle à ses valeurs et tournée vers l’avenir.