Au début j’ai cru à un faux, à un fake. Puis, après m’être frotté les yeux plusieurs fois, je me suis rendu à l’évidence : le Parti socialiste de Saint-Denis s’est essayé à une leçon d’antiracisme à l’encontre de la municipalité de Saint-Denis.
— Adrien Delacroix (@adriendelacroix) 9 juin 2016
Que leur arrive-t-il ? Jusque-là, le racisme ne les dérangeait pas plus que ça.
Ils ont même dans leur parti un ancien maire devenu Premier ministre qui trouvait qu’il y avait trop de basanés dans sa ville.
Cette fois, ils s’appuient sur l’initiative Ftour debout pour tenter de décrédibiliser la municipalité. Pourquoi ? Parce-que.
Parce-que parmi les organisateurs de ce rassemblement qui se veut partie prenante d’un antiracisme politique figure le PIR, le Parti des Indigènes de la République. Et comme l’incarnation du diable est l’un des organisateurs (aux côtés de : Urgence Notre Police Assassine (UNPA), Les Indivisibles, Front Uni de l’Immigration et des quartiers populaires (FUIQP), Brigade Anti-Négrophobie (BAN), La Voix des Rroms, Les Marcheuses de la Dignité, Les organisatrices du Camp d’été Décolonial, Labo décolonial, Commission non-mixte racisée de Paris 8, Fondation Frantz Fanon, Union Juive Française pour la Paix (UJFP), Le site Contre-Attaque(s)) c’en était trop, et il fallait agir.
Evidemment, toutes et celles et ceux qui ont soutenu et/ou participé à ce Ftour debout, sont racistes, antisémites et homophobes.
La République de Saint-Denis est donc en danger. Elle est attaquée. Par qui ? Pas par des apprentis sorciers qui font intervenir un certain Guylain Chevrier, qui a pu librement étaler son islamophobie lors d’un débat à Saint-Denis. Pas non plus par Nadia Remadna, de la Brigades des Mères dont l’islamophobie n’est plus à démontrer et qui elle aussi a pu cracher sur les musulmans là encore à Saint-Denis. Non la ville est menacée par des associations antiracistes qui ont décidé de ne pas se laisser dicter leur antiracisme par les associations mainstream type SOS Racisme, affiliées depuis leur début au…. Parti socialiste.
De quoi le PIR est-il accusé ? Voilà ce qu’on peut lire sur le blog du Parti socialiste (je mets pas le lien #PasUnClicPourLesSocialistes) :
« Les élus socialistes ont écrit à Didier Paillard pour avoir des précisions concernant l’organisation d’une manifestation « ftour debout » samedi 11 juin, sur le parvis de la mairie, et portée par des organisations comme le Parti des Indigènes de la République, dont la porte-parole tient régulièrement des propos racistes, antisémites ou homophobes. »
Diantre ! En attendant ils ne font mention d’aucun propos raciste, antisémite ou homophobe que la porte-parole du PIR aurait tenu. Le PS lancerait de fausses rumeurs ou accusations ? Je n’ose y croire.
En fait, les raisons de l’attaque contre la ville sont ailleurs. J’en profite par ailleurs pour rappeler que JAMAIS les élu-e-s socialistes de Saint-Denis ne se sont élevé-e-s contres les propos islamophobes tenus en lors des deux rencontres citées plus haut. JAMAIS.
Aucun-e élu-e socialiste de Saint-Denis n’a daigné participer à la rencontre du 7 juin pour dire notre colère face au traitement politique et médiatique de notre ville.
Un traitement qui les révulse tellement qu’on ne les a pas entendus non plus quand Manuel Valls ou Patrick Kanner ont laissé entendre qu’il y avait plusieurs Molenbeek en France, dont Saint-Denis, comme si par ailleurs Molenbeek était un nid à terroristes.
Revenons aux raisons profondes de ces attaques du PS à Saint-Denis.
Tout est dans leur communiqué, on peut y lire :
« Monsieur le Maire, nous tenons à vous exprimer notre incompréhension. Les associations cultuelles de notre ville ont besoin d’être accompagnées par la ville par un soutien logistique pour que le mois de ramadan se déroule dans de bonnes conditions comme la ville le fait par ailleurs à Porte de Paris avec les « Tables du Ramadan » permettant aux associations humanitaires de distribuer des repas aux plus précaires lors de la rupture du jeûne. Néanmoins l’organisation de ce soutien ne peut en aucune manière se faire à travers un évènement politique comme « Ftour Debout ».
Oui, vous ne rêvez pas, un-e bon-n-e musulman-e est un-e musulman-e qui fait de l’humanitaire. Qui si possible baisse la tête et rentre dans le rang, sans trop la ramener. Qui se contente de donner dans le caritatif et la charité.
Surtout que les musulman-e-s ne s’avisent pas de faire de la politique, ou alors avec un main jaune et en criant « touche pas à mon pote ».
Voilà donc ce qui gêne les tenants d’un antiracisme moral et bon enfant, qui consiste à faire des rondes et des farandoles, en chantant en choeur le générique d’Arnold et Willy.
Exit les violences policières, le racisme et l’islamophobie structurels d’Etat qui expliquent en partie qu’aujourd’hui des centaines d’enfants à Saint-Denis n’ont pas d’enseignants. Je rappelais d’ailleurs à quel point le PS de Saint-Denis méprisait les parents en lutte pour l’école. Mais après tout, ce ne sont que des parents de quartiers populaires.
Enfin l’accusation de hiérarchisation des combats vise à dire qu’on en fait trop pour les musulman-e-s. C’est faire fi du travail que nous faisons toute l’année sur les violences faites aux femmes, le sexisme, mais aussi la rromophobie avec la tenue il y a quelques semaines de l’insurrection gitane. Des initiatives dans lesquelles on n’a vu AUCUN élu-e socialiste. Ils étaient tous à la piscine.
Oui ce rassemblement du Ftour debout est en soutien notamment aux expulsé-e-s de Saint-Denis. Notamment à ces familles que le gouvernement socialiste, les camarades des élus PS de Saint-Denis, n’ont toujours pas relogé.
Jamais nous n’avons vu le PS de Saint-Denis aux côtés de ces familles, ou des rroms. La seule fois que le PS, plus précisément Mathieu Hanotin le député, a fait un pas vers les rroms, c’était pour les envoyer au tribunal.
On n’a aucune leçon d’antiracisme, ou de gauche, à recevoir d’un parti qui expulse rroms et sans-papiers, et qui participe de la stigmatisation de l’étranger, des musulman-e-s, des basané-e-s.
En lieu et place de l’indécence je suggère au PS de Saint-Denis, l’humilité et le silence.
J’ai volontairement attendu la tenue de l’événement avant de publier ce billet et ce, pour ne pas entrer dans la provocation des élu-e-s socialistes de Saint-Denis.