Cet article du Monde illustre bien la stupidité des politiques migratoires sarkoziennes.
Mal-aimés dans la plupart des pays de l’Union européenne, les Roms subissent en France les conséquences de l’objectif de reconduites à la frontière fixé à 25 000 personnes pour 2007. Ce chiffre s’est traduit par une augmentation des rapatriements. Depuis l’automne, ils sont l’objet d’une nouvelle pratique, qui s’est généralisée, selon les organisations non-gouvernementales : le "retour humanitaire" par car, justifié par un "état de dénuement" ou "une situation irrégulière", selon la circulaire du 7 décembre 2006.
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Les Roms sont une cible privilégiée", affirme Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l’homme (LDH). "Huit cent soixante-six Roms, de nationalité roumaine ou bulgare" ont été rapatriés depuis août, indiquait le ministère, à la mi-novembre."Il est apparu opportun de raccompagner ces personnes dans leur pays, et qu’en Roumanie des programmes d’insertion prennent le relais", explique-t-on au cabinet de M. Hortefeux.
Médecins du monde s’est inquiété, dès septembre, d‘"évacuation systématique de la population rom (…), cassant le travail des équipes mobiles (protection maternelle, lutte antiturberculeuse)". Le député socialiste du Nord Patrick Roy avait relayé cette préoccupation auprès du ministère de l’immigration, qui avait répondu que "l’Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations (Anaem) a organisé le retour volontaire dans leur pays d’origine de Roms en situation de grande précarité". Pour la LDH, il s’agit plutôt de "retours forcés".
Les opérations menées en Seine-Saint-Denis suivent un scénario identique. Les responsables de l’Anaem accompagnés de la police investissent les campements. "A Saint-Etienne, en septembre, ils venaient tous les jours", témoigne Georges Gunther, du Réseau de solidarité avec les Roms. "Ils leur donnent à choisir entre la prison et l’expulsion immédiate avec l’aide au retour", dénonce la LDH. "A Lyon, rien de tel", réplique le préfet Jacques Gérault, qui affirme avoir "donné des ordres fermes pour que le caractère volontaire des départs soit respecté".
Les Roms qui acceptent de partir bénéficient d’une aide au retour, qui a été majorée fin novembre à 300 euros (contre 153) par adulte et 100 euros (contre 56) par enfant jusqu’en février 2008 : un argument convaincant, le retour en France coûtant moins de 100 euros.
PASSER LES FÊTES EN ROUMANIE
Les ONG dénoncent une volonté de faire du "chiffre". Le ministère ne cache pas que ces retours humanitaires sont comptabilisés dans les 25 000 reconduites à la frontière fixées pour 2007. "Leur accélération a immédiatement suivi le constat de retard de cet objectif", déplore Michèle Mezard, responsable de la mission rom de Médecins du monde.
Or, depuis l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’Union européenne, en janvier, les Roms de ces deux pays régulièrement expulsés "reviennent, comme ils en ont parfaitement le droit en tant que citoyens européens", relève Saimir Mile, porte-parole de la Voix des Roms. Au cabinet de M. Hortefeux, on indique pourtant vouloir "mettre en oeuvre, dans les mois qui viennent, un système biométrique pour les personnes qui bénéficient d’une aide au retour".
Dans un article du quotidien roumain Adevarul du 17 décembre, des Roms expulsés de banlieue parisienne se réjouissaient d’avoir bénéficié de l’aide de l’Anaem pour passer les fêtes en Roumanie, avant de revenir début janvier.